samedi 3 novembre 2018

Jaurès ou l'art de faire parler les morts

Oh Jaurès toi qui toi-seul voyais comment retarder la furie sur la ligne bleue des Vosges, toi qui toi seul prolongeais déjà une ligne Maginot qui n'était pas encore, toi qui toi-seul savais que c'est sur la Marne que cette armée de Gaulois aurait une chance, mais toi qui voulais encore et encore tous les sauver, toi le prisonnier de ce fer ultime, la vérité stratégique qu'on ne peut se risquer à dire, la parole de déserteur qui seule fait halte à la guerre, la haute trahison, l'honneur perdu, le destin de Judas, l'enfer du défenseur. L'enfer du sacrifié. La défaite assurée. Ce qui fait l'Homme et toujours ce ne sera que demain. Oh Saint Jaurès au fond de ton courage un sursaut national silencieux que tu as gardé pour ensuite. Comment est-il possible de s'en sortir. Comment être dilettante décontracté au bord du précipice. Et toujours ce maudit tueur jaloux qui rôde. Comment ne pas y devenir sérieux. Ne pas y mourir ne pas y faire tuer. Y demeurer aimable et humble. Comment y être irresponsable et assumé. Comment tout désarmer. Pauvre rêveur, tu y étais presque.

Et nombreux sont encore ceux à préférer à ta situation et celle de tes semblables le remords des rockstars, des traders, des consultants en marketing. Ils ne te valent vraiment pas. Ils ne devinent pas ce qu'ils perdent.

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