Le train s'en va et ce sera souvent l'enfer dedans. L'enfer entre les
tempes. Mais y seront les vivants qui préfèrent parfois la fièvre et le
ventre vide aux miettes sans avenir. Notre goût est frugal, distingué et
païen. Nous sommes de joyeux barbares et de joyeux tailleurs autant que
prophètes, conquérants et fédérateurs, mahométans athées,
administrateurs autant que libertaires, guides et laissant libres,
amants universels, enfin : éducateurs, et nous voulons la part des
maîtres, car la première force qui nous anime est désintéressée de
presque tout matériel, veut le pouvoir pur et lucide, est tout en haut
du cinquième étage de la pyramide de Maslow, n'aime que ce qu'il y a de premier ou si l'on doit en faire le seul secteur primaire. Nous voulons la part des
maîtres car nous sommes plus pauvres qu'eux, entendons le rester,
doutons et nous méfions davantage, y compris de nous-même -de là notre
goût pour les contre-pouvoirs- et, ne leur en déplaise et c'est là leur
lacune, sommes plus travailleurs, en nous-mêmes comme au dehors. Nous
voulons la part des maîtres car nous voyons le danger, y sommes
habitués, voulons la paix, savons être heureux, préférons cela au
pouvoir, sommes vraiment généreux. S'il s'en trouvait qui nous puissent
comprendre je dirais tout autant : "sommes plus libéraux et plus
pragmatiques", mais laissons : notre sang est impur et c'est là sa
valeur ; nous voulons la part des maîtres car nous sommes plus nobles.
Et nous l'aurons, furtive ou tenue à vous d'en décider.
Nous en ferons ce que nous sommes.
C'est écrit.
En nous brille l'éclat de l'enfance éduquée et canaille, sur mesure.
L'un(e) d'entre nous a balayé d'un regard clair le monceau d'immondices.
Un regard clair semblant si sombre.
Nous sommes les intouchables.
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