samedi 17 novembre 2018

La situation actuelle

Ils étaient trois charbonniers, seuls et dépourvus de tout dans une immense clairière aux arbres rescapés, au début d'un hiver en avance. Ne leur restaient que douze mesures de grain.

Le premier :

" C'est est assez du labeur et de la misère, perdus pour perdus au moins soyons courageux, faisons de la bière et du pain, festoyons, brûlons même ce qui restera de grain dans l'âtre, ne nous privons de rien, puis le ventre plein et ivres, mais ensemble, nous irons nous allonger à la belle étoile. Le froid nous prendra sans souffrance et nous mourrons en hommes libres et fiers, pas en esclaves."

Le second :

"Rationnons-nous et enfermons-nous, au dégel si nous tenons nous aurons des racines et des bourgeons, des vers, nous pourrons partir et l'on ne nous y reprendra pas."

Le troisième :

"Oui nous nous enfermerons et nous rationnerons, nous tiendrons mutuellement chaud, et plus que nécessaire. Car il devra rester du grain pour au dégel semer. Cet espoir est mon ivresse et je serais prêt à mourir pour, mais je ne suis pas un sacrifié, et ne vous fais que moyennement confiance. Aussi, oui, suis-je prêt à tuer même si je m'y refuse. Si j'étais assez fort, sur ma part, je te ferai un verre de bière, en avant goût des fêtes à venir. Et toi, oui, va pour les racines et les vers, mais la récolte venue, vous irez les poches pleines montrer ailleurs qu'il y a ici du grain et de l'ombre."

Et il y a peut-être une quatrième voie.

samedi 10 novembre 2018

Second service, vous verrez c'est plus digeste.

Il faut croire en l'Humain, même s'il tient encore bien davantage de la tumeur que de la symbiose, du pillard que du candide, du tortionnaire que de l'apprivoiseur, de Saint Augustin que de Saint François, de Caligula que d'Auguste, de Fourniret que de Jaurès, de la rumeur que de la certitude. Il faut croire en l'Humain. Si l'on pouvait mettre «la Nature» au devant d'un verbe transitif - mais que ou même qui peut-on vraiment mettre en telle présomptueuse position ?- il conviendrait d'affirmer : il faut croire en l'Humain, il est l'ultime recours devant l'ultime péril, et malgré tous les autres qu'il bricole et manipule, sale gamin inconscient et sans éducation -c'est à dire la meilleure ou la pire qui se puisse-, malgré l'avidité, les bombes, l'inconscience du danger, les meurtres, le suicide, ce nihilisme sombre qui comme la nuit nous attend au bout de nos pensées, nos élans, nos midis ; la Nature n'a que nous, condamnée à l'espoir en nous, malgré ce qu'elle en endure. Non la Nature ne s'en moquer pas ? Mais pourquoi donc ?Eh bien c'est là que lecteur je te juge : car nous en sommes. Malgré tous nos petits viols et petits coups de bottes, et ne négligeant en rien que puisse venir, ou même soit déjà advenu, celui de trop, peut-être infime ridicule dérisoire, mais qui déjà rend irrémédiable une prochaine agonie, lente ou brutale. Soit donc déjà advenu car inéluctable le feu nucléaire, l'asphyxie planétaire, le déluge ou je ne sais (oh le gros mensonge... du moins l'espère-je...) quelle autre réjouissance fatale. Et fatale à tout in fine. Nous refusons de tous nos cœurs cette éventualité. Mais lorsque l'épuisement nous y confronte et que le moyen de nous ressourcer fait cruellement défaut, alors il nous reste, en ce cas seulement et sans rien renier des principes qui nous fondent, cette folie : Si la fin et la défaite sont promises, qu'au moins elle soit belle par elle-même et sous aucun regard, pour nul spectateur. Devant le néant absolu, devant la salle vide des étoiles où jusqu'à preuve du contraire la vie et la conscience nous rendent exceptionnels - dans ce doute nous avons fait le choix de la plus grande responsabilité, sans complexe et sans humilité, à savoir que nous sommes et serons les seuls à jamais en mesure d'agir, nous donc, malhabiles petits porteurs de conscience, sommes, et resterons, devant le silence glacial du néant, devant l'oubli, des artistes rieurs. Nous sommes tous de potentiels enfants sauveurs, nous sommes tous des hommes et des femmes en devenir, nous devons tous nous convaincre en nos actes de ce seul possible et tellement fragile devenir. Chacun de nous est tous les hommes et toutes les femmes.Voilà notre grande muette. Les suicidaires sont des meurtriers. Les meurtriers sont des suicidaires. Simplement mais pour la vie ou l'éternité nous refusons l'un et l'autre. Et nous finirons par vaincre. C'est au silence glacial du néant, c'est à la solitude et l'absence de Dieu, qui de toute manière, seul ou en couple, nous désirerait athées et de là d'ailleurs son silence grandissant, qu'il faut croire. Ah comme chacun de nos gestes peut se révéler pesant, crucial, imbu. C'est là, et là seulement, que nous gardons une parcelle infime d'humilité salvatrice, qui permet le rire et brise la tétanie, le grand mal des tyrans, là que nous sommes humbles et avons foi en l'autre, présent ou à venir. Nous vaincrons.

Où est ma liste ? Ah oui, et du retard, un certain Howard Bloom.


Rappels :

"L'exténuante car intransigeante exigence de la mesure..."

"Car alors à l'homme réunie -veuillez sVp ici excuser la tentation d'un vilain trait d'union entre "ré" et "unie", vilain procédé de vilain post-soixante-huitard-, on pourra coller à la nature tous les verbes possibles, tous les adjectifs, elle aura son élan vers tous les firmaments. Et d'ici là on va bien rigoler."

"Ne pouvant sortir de la valse entre destin et libre arbitre, nous avons fait le choix de mener. Car nous savons que le destin est passé et la liberté au devant, nous savons ce qu'est une probabilité, nous savons ce que sont la probabilistique et la combinatoire, nous sentons ce qu'est un tenseur, nous savons que nous ne devons pas porter exactement, c'est à dire que nous savons également que "ne pas porter exactement" inclut "ne pas porter quasi totalement de façon différente, opposée, divergente", le même regard sur ce qui est -c'est à dire le fruit limpide ou nauséabond de ce qui a été- et ce qui sera, nous savons ce qu'est le temps, la complexité, et nous savons ce que signifie le terme Ensemble."

Etc.

Dépollution Aquapolis

Je n'aime pas vos vitrines. Les rouge-gorges s'y fracassent. Je n'aime pas vos vitrines, malgré le soleil dans les maisons passives, le sans tain sélectif encore inaccessible, le bonheur à regarder couler la pluie le front posé là. Je n'aime pas vos vitrines.

Etat répressif régressif et de siège.

Ma folie est un empire et sous cet empire je peux décréter à loisir. Je décrète donc le 11 Novembre comme journée de silence écologique. Toute utilisation d'engin à moteur thermique sera interdite, de même que tout moteur électrique excédant XX dB. Des dérogations très encadrées seront accordées. On pense aux hôpitaux bien sûr et aux véhicules de secours/police, mais également par exemple aux éleveurs, pour le cas où la vie des animaux en dépend. Le dépôt d'un dossier de dérogation sera onéreux, et seulement remboursé si accord favorable, c.a.d. si capacité de proposition alternative par nos services mise en défaut. Pour le cas d'une contestation de faisabilité, un, ou une équipe, de nos agents se rendrait sur place au frais du contestataire, en lien avec leurs revenus fiscaux, pour attester de ladite mise en défaut, après essai alternatif. Des aides pourront également être allouées si le dispositif alternatif est satisfaisant, d'où qu'en provienne l'élaboration. Des droits d'auteurs pourront même être attribués. Les contrevenants se verront infligés une amende en lien avec leurs revenus fiscaux. Les plus lourdes amendes et d'autres, tirées au sort, se verront assorties d'un contrôle fiscal ponctuel ou intégral. Et puisque vous sembliez appeler de vos vœux une société ou chacun surveille tous, les délateurs de contrevenants se verront rétribués d'une part de l'amende. Les appareils photos et vidéos avec date certifiée seront de sortie. Hors forces de police, les petits arrangements "de la main à la main" seront à priori tolérés, si déclaration bipartite. Enfin, comme pour toute amende, les contrevenants pourront contester, et toute indulgence, voire même au-delà, sera accordée, par exemple, à un parent conduisant bruyamment -avertisseur sonore sollicité- son enfant vers un médecin, soupçonnant un malaise grave et imminent. Ledit parent devra toutefois argumenter son pressentiment quant au caractère plus rapide ou efficient de son initiative vis à vis d'un appel des secours. Qu'il soit simplement aussi modéré que possible malgré l'urgence supposée ou non. Il aura la voie libre. Un jour par an ce pays, et bientôt toute l'Europe et au delà, se tairont. Et nantis, ce jour-là vous serez avec nous, dans nos rues vous promenant, ou bien vos résidences sécurisées aux grandes haies esthétisant vos murs vos miradors vos barbelés seront, encore davantage que les autres jours, vos prisons secondaires. Venez avec nous, ou il y aura d'autres décrets. Et si vous partez suivant vos fuyants capitaux, il n'y aura pas de prescription, nous vous pisterons, nous vous pourchasserons, nous vous piègerons, et oui, à ceux que nous prendrons, nous prendrons tout, sauf la vie et toute liberté de refaire fortune. Nous allons vous apprendre l'attachement au monde et aux êtres. On va bien rigoler.

dimanche 4 novembre 2018

Jaurès, Camus, Char, Cohen, Aragon, Rimbaud


Certes c'est à tous que la condition humaine impose la loi que tous les auteurs ont exprimée, abordée, effleurée, touchée. Il y est question d'avenir, de défaite, de soleil. Mais puisqu'il nous semble encore devoir être imposé ce dénominateur commun, puisque le "contre" est encore nécessaire à l'égalité des dignités, une chose est vraie et restera vraie autant qu'inéluctable : les défaites ne seront reconnues comme heureuses que lorsque ils auront goûté la défaite, et pour cela nous devons combattre la part en eux qui craint le soleil, nous devons, c'est notre devoir, leur imposer le soleil en face. Pour la vie.

samedi 3 novembre 2018

La fêlure ou le choix des fous




Il était un chemin de buis on le nommait Des Amoureux
Allaient y rire et s'y saillir après les bals les audacieux

Qui sait si ces arbres morts ont vu au moins deux humains s'étreindre
Et si la nature ne dit rien l'homme écoute ce qu'il veut atteindre

Elle me dit d'être un chien furieux.



Jaurès ou l'art de faire parler les morts

Oh Jaurès toi qui toi-seul voyais comment retarder la furie sur la ligne bleue des Vosges, toi qui toi seul prolongeais déjà une ligne Maginot qui n'était pas encore, toi qui toi-seul savais que c'est sur la Marne que cette armée de Gaulois aurait une chance, mais toi qui voulais encore et encore tous les sauver, toi le prisonnier de ce fer ultime, la vérité stratégique qu'on ne peut se risquer à dire, la parole de déserteur qui seule fait halte à la guerre, la haute trahison, l'honneur perdu, le destin de Judas, l'enfer du défenseur. L'enfer du sacrifié. La défaite assurée. Ce qui fait l'Homme et toujours ce ne sera que demain. Oh Saint Jaurès au fond de ton courage un sursaut national silencieux que tu as gardé pour ensuite. Comment est-il possible de s'en sortir. Comment être dilettante décontracté au bord du précipice. Et toujours ce maudit tueur jaloux qui rôde. Comment ne pas y devenir sérieux. Ne pas y mourir ne pas y faire tuer. Y demeurer aimable et humble. Comment y être irresponsable et assumé. Comment tout désarmer. Pauvre rêveur, tu y étais presque.

Et nombreux sont encore ceux à préférer à ta situation et celle de tes semblables le remords des rockstars, des traders, des consultants en marketing. Ils ne te valent vraiment pas. Ils ne devinent pas ce qu'ils perdent.

Nos chiens de guerre

Le souci n'est pas le corporatisme. Tu sais que le souci est quand le mouvement collectif répond à un intérêt particulier, quand ce qui fait le groupe tient de l'exclusion. Comme tu le dis, le souci c'est le "contre". S'il doit y avoir un corporatisme altruiste, au moins d'apparence pour ses lieutenants, c'est dans le secteur associatif, et particulièrement dans le travail social associatif, qu'il peut au grand jour trouver une expression performante. La violence appelle la violence. La loi injuste la clandestinité. L'injustice la décadence, entre autres. Et la barbarie, in fine, une forme de non violence des plus efficaces, féminine et protectrice, avenante mais redoutable, notamment en premier lieu. Nous travaillons à cela, et nous y travaillons valablement chaque fois que nous avons ceci de chevillé : c'est l'Etat de demain que nous devons servir.

Seulement, à mon sens, le temps presse. Contre la finance pure se lèveront de toute façon encore et encore d'autres moines barbares, et des plus divers. Toujours à mon sens, les meilleurs seront paysans, avec ou sans enfants, humbles ou pas. Et je sais là quel rôle je veux jouer et on ne me détournera pas de cet essentiel. Je veux être un chien, sage si cela se peut, menteur si c'est plus simple, mais furieux quand le temps semblera manquer. Car il y a une chose dont nous ne ferons pas l'économie, il y a étape incontournable, et c'est de dézinguer le mépris et la condescendance. Comme tout devient facile ensuite. Il y a des lois naturelles, ou cite moi une dignité, une seule, exempte de revanche. Cite m'en une et je te donnerai tort, dussè-je y passer dix ans à m'y morfondre. Je dis cela sereinement ; sûr cela ne me prendra pas dix ans. De toute façon je ne pense pas les avoir. Je suis un bipolaire et ma place est en première ligne, de service, en partie édenté, sournois puis furieux. Je serai un chien furieux, c'est inévitable. Bordable, mais inévitable. Il n'auront une chance que s'ils sont lucides.

Bien sûr ce peut se faire totalement autrement, en douceur, je ne nie pas cette possibilité. Auquel cas je ne servirai à quasi rien et toi si. À la niche. Bien sûr cette autre approche est peut-être la meilleure ou la seule façon de faire. Simplement je ne le crois pas. Et je ne le veux pas.

Cela fait trop longtemps que je m'exerce.
Que ce qui est vraiment fort devienne juste.

24/04/2017

Le train s'en va et ce sera souvent l'enfer dedans. L'enfer entre les tempes. Mais y seront les vivants qui préfèrent parfois la fièvre et le ventre vide aux miettes sans avenir. Notre goût est frugal, distingué et païen. Nous sommes de joyeux barbares et de joyeux tailleurs autant que prophètes, conquérants et fédérateurs, mahométans athées, administrateurs autant que libertaires, guides et laissant libres, amants universels, enfin : éducateurs, et nous voulons la part des maîtres, car la première force qui nous anime est désintéressée de presque tout matériel, veut le pouvoir pur et lucide, est tout en haut du cinquième étage de la pyramide de Maslow, n'aime que ce qu'il y a de premier ou si l'on doit en faire le seul secteur primaire. Nous voulons la part des maîtres car nous sommes plus pauvres qu'eux, entendons le rester, doutons et nous méfions davantage, y compris de nous-même -de là notre goût pour les contre-pouvoirs- et, ne leur en déplaise et c'est là leur lacune, sommes plus travailleurs, en nous-mêmes comme au dehors. Nous voulons la part des maîtres car nous voyons le danger, y sommes habitués, voulons la paix, savons être heureux, préférons cela au pouvoir, sommes vraiment généreux. S'il s'en trouvait qui nous puissent comprendre je dirais tout autant : "sommes plus libéraux et plus pragmatiques", mais laissons : notre sang est impur et c'est là sa valeur ; nous voulons la part des maîtres car nous sommes plus nobles.

Et nous l'aurons, furtive ou tenue à vous d'en décider.
Nous en ferons ce que nous sommes.
C'est écrit.
En nous brille l'éclat de l'enfance éduquée et canaille, sur mesure.
L'un(e) d'entre nous a balayé d'un regard clair le monceau d'immondices.
Un regard clair semblant si sombre.
Nous sommes les intouchables.