lundi 13 mai 2019

Au travers des ramures au travers des ramages voyez. Voyez encore ce qui sourd d'une terre que vous crûtes damner.

Les pattes des colombes. La curiosité des rouge-gorges, l'opportunisme des bergeronnettes. La faim de feu les hirondelles. L'inconscience des queues-rouges. La garde des corbeaux. La trouille des rapaces -bon sang que c'est bon quand ils louchent-. L'inconstance des grives. La diversion flatteuse, le vrai courage. L'absence des alouettes. Et puis le grand saut des mésanges. Je n'ai pas le choix. Devant ce qui vient, il faut que s’annulent en moi et le père que je ne suis pas, et le fils que je ne suis presque plus. Le second discours de Suède dit tout, même s'il parle trop d'art. Il n'est pas question d'art. Il est question d'être, et d'être utile. Être utile, c'est plus qu'être humain. C'est moins bien. Je n'ai pas le goût du sacrifice. Elle non plus. Mais les rois, petits ou grands, et les reines encore davantage, ont toujours été seuls. Eux aussi, pigeonnés. Vienne vite et fort le temps des servants de la vie, comme d'une pièce d'artillerie, ce canon dur d'amour pointé vers les étoiles. Cette autre antre aux merveilles, senteurs, toujours inaccessible. Le bruissement des feuilles, parfois. La fabuleuse équipe. Ce qui peut tenir notre espèce ensemble et les tumultes du torrent. La vérité si évidente dans l'entêtement des faibles. La peur de mal faire, omniprésente, tyrannique, sans pitié. Le précipice. Plus de choix. La foi. Ton petit cul sérieux. Ce qui à la fois fait bondir et trembler. Les rires des enfants. Les pleurs de la progéniture. L'inaccessible inverse, mais qui s'il un jour ou un soir peut tout prendre, prendra peut-être tout en sa ronde et sa course, ultime refuge en nous comme au dehors, de chair ou de marbre, de néant ou de remord, encore et à jamais, cœur sûr, maxillaires bandés, puis détendus, et rebandés, et détendus, regard tranquille, sourire au coin et oreilles de trouille, couilles sous pagne, amour, hargne.